Page:Segalen - Les Immémoriaux.djvu/73

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puis Tunui é aï i té Atua, qui est dit aussi Pomaré, qui est l’Arii-rahi. »

Le dernier de ces noms, il le prononça en regardant le chef. L’Arii, ennobli de la sorte, ne cachait pas son agrément. Cette ascendance affirmait ses droits sur l’île Paümotu, dont son ancêtre Taároa Manahuné avait été possesseur.

Térii poursuivait. Afin d’étaler toutes les prérogatives, il dénombrait les genèses, fort douteuses, à dire vrai, qui rattachaient Pomaré aux Arii de Papara :

« Dormait le chef Tavi, du maraè Taütira, avec la femme Taürua,

puis avec la femme Tüitéraï du maraè Papara :

De ceux-là naquit Tériitahia i Marama.

Dormait Téritahia i Marama avec la femme Tétuaü Méritini, du maraè Vaïrao… »

Il disait tout d’une haleine les beaux noms ancestraux, marquant d’un geste mesuré du bras chacun des accouplements éternels. Un bruissement montait de la foule emmenée par le rythme, par le balancement des mots, et qui récitait, elle aussi, les séries originelles interminablement redoublées.

« … De ceux-là naquirent Aromaïtéraï, du maraè Papara ; et Tuitéraï, qui dormait avec Téroro.