tivaient au hasard. On se pressait de proche en proche, et la houle des épaules, déferlant sur l’enceinte de bois, la disloqua dans un remous. Malgré les gardiens indignés, malgré le tapu du lieu, une ruée de gens, dont chaque homme n’eût osé même effleurer un poteau d’offrande, se haussa vers le parvis sacré. Chacun s’étayait sur son compagnon, s’étonnait de sa propre audace, et avançait en piétinant de rage. On enserrait, sans issue, le prêtre exécrable.
Térii n’avait point quitté la pierre-du-récitant où le liait une attente épouvantée du châtiment tout proche. Il bondit enfin. Des mains se crispèrent dans sa peau, et des haches de jade, entrechoquées, cliquetaient très haut, à bout de bras. La mêlée pressée empêchait de les abattre : on profiterait du premier recul. — Mais un appel strident, celui qui désigne aux coups le plus dangereux adversaire, détourna les gens acharnés : Paofaï avait sauté sur la pierre élevée : de la voix, des yeux, des mains tendues, il montrait les véritables ennemis, les jeteurs de sortilèges, les empoisonneurs de sa race : les hommes au nouveau-parler. On oublia Térii qui tomba de crainte, ou de ruse. — Où donc les autres ? On les entourait. Alors Haamanihi lança des serviteurs, qui, s’emparant avec feinte des étrangers, les dérobèrent au tumulte ; et pour mieux égarer encore la rancune de la foule, il insultait violemment son rival :