Un frémissement courut dans toutes les cuisses à leur approche. Leurs sonneurs, — vieillards aux yeux morts, — palpaient avec adresse, du bout des doigts, les peaux de requins tendues sur les troncs creux : et leurs mains écaillées voletaient, comme de jeunes mains vives sur un ventre d’épouse. Aussitôt, les couples se dressèrent. Les femmes — poitrines échevelées sous les fibres jaunes du révaréva, tempes cerclées de couronnes odorantes — avaient noué étroitement leurs hanches d’une natte mince, afin d’étrangler, sous le torse immobile, ces tressaillements dont sursautent les genoux. Les tané se paraient de coquillages miroitants, d’agrafes nacrées, de colliers mordant la nuque. Ils tenaient leur souffle, tendaient les reins et écarquillaient leurs oreilles : un coup de tambour les décocha.
Tous, d’abord tournés vers le meneur-de-danses, imitaient ses gestes, — dépliant les bras, balançant le corps, inclinant la tête et la relevant avec mesure. Puis, à tout petits pas précis et vifs, comme s’ils piétinaient sur les orteils, ils approchèrent jusqu’à se flairer. Les visages restaient impassibles ; les paupières des femmes, baissées : il convient, pour un temps, de cacher ses désirs. Brusquement, sur un batté bref, tout se tut ; tout cessa.
Une femme sortit de la foule, ajusta ses fleurs, secoua la tête pour les mieux fixer, fit glisser sa tapa roulée, et cria. Les battements recommencèrent. Jambes fléchies, ouvertes, désireuses, bras ondulant