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Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/126

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Il est impossible de les nommer véridiquement « tributaires » ceux-là, — dévastateurs des villes qui, sommées de se rendre, refusent. — Et cependant, par leur obstination acharnée, par leur rage à conquérir le fond bien cadastré de l’Empire, ne témoignent-ils pas d’eux-mêmes qu’ils ne possèdent rien, ces coureurs de la terre, s’ils ne tiennent d’abord cette Fleur du Milieu ?

Car c’est elle, car c’est l’Empire, car c’est le Sol qu’ils convoitent qui s’étend à leurs pieds. C’est pour lui qu’ils ont abandonné les clans familiaux et les pacages de la horde ancestrale. Leur convoitise, suspendue là-haut, n’est-ce point à sa façon, le plus formidable hommage ? Car l’Empire, conquis par eux, les absorbera jusqu’aux os. Ils apprendront son langage, ses manières, ses moindres coutumes. Ils lui feront holocauste de toutes leurs grandes puissances guerrières, de tout le sang de leurs races, — innombrables, indomptables.

N’est-ce point le plus obséquieux des tributs dont ces fiers brigands du Nord détiennent le don ?