gnent le sol qu’elles soulèvent. Les feuilles sont peintes innombrablement une à une. Connaissiez-vous déjà quelque exemple d’un paysage dédié à un seul arbre, sans montagnes au-dessus, sans eaux courantes dessous lui, ni ce voyageur minime, tout en bas, qui jette sa face en arrière et prend possession humaine de l’étendue ?
Ici, l’arbre est seul. Aviez-vous jamais contemplé quelque arbre pour lui-même, pour son incrustation dans le ciel, pour son âge, pour la qualité de son bois ? Aviez-vous jamais imaginé la lenteur démesurée de sa vie ? ou éprouvé tout ce qu’il faut de volonté sourde, réfléchie, obstinée, pour se cercler d’écorce, et, sans nerfs et sans cerveau, diriger pendant trois cents ans le jaillissement de sa sève !
Un grand arbre, tout seul peint ici, qui enveloppe et dédaigne tout dans sa splendeur végétale. Mais l’homme absent a laissé la marque de son règne, et le poids de son pou-