Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/23

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Peintre qui vous offre cette haute cime, cette domination des sommets ? On enfourche ici les oies célestes et l’on voyage seulement par la route des airs. Ne cherchez pas de traces appuyées : aucun départ, mais une arrivée légère. Non point des corps ! Des Esprits glorieux. Une vie frêle et immortelle. De ces êtres, qui n’ont du vieillard que la barbe et le front en calebasse rose, il y a bien un millier, et plus.

Et maintenant, que le décor soit solide ou non, que cette esplanade, (vous la voyez, losangique et blanche, portée sur sa colonnade) se révèle d’albâtre ou de jade, ou taillée dans les mots ou dans le rêve… trouvez-vous donc une grande importance ? Une grande différence ? Les Esprits soufflent et règnent partout où Il veut. Ceci est la Peinture des Esprits, des Génies, des Immortels. Tout ce qui est peint ici n’a de concret que sa