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Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/54

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C’est pourquoi, tout l’arrière plan est noir ; et que, seul au milieu de ce noir, un homme, campé sur un pied, les sourcils froncés férocement, les yeux louchant, le poing armé d’un grand sabre horizontal, vise le coup qu’il doit donner. Ne soyez dupes ni de son air horrible, ni de la richesse empruntée et clinquante des vêtements… (on les rendra au dénouement de ce spectacle…) N’importe, il est plus épouvantail qu’un pourfendeur des Trois-Royaumes, et, campé sur son pied, il ne bouge.

Vous non plus, ne bougez pas : avalez d’un seul coup une grande halenée et gardez la jusqu’à l’épuisement : alors la Peinture bien montée, comme un simulacre du réel, va dérouler toute l’histoire lamentable et grossière — autant qu’héroïsme populaire — que voici…

(Mais écoutez : avant de se tenir armé, seul, dans la nuit, cet homme qui fait peur et qui est un homme en voyage, accompagné de ses femmes, — une épouse, une concubine, — et