qu’il exprime avec un air poignant qui n’appartient qu’à cette seule Peinture…
Car elle a des tensions intérieures, à peine sensibles, mais émouvantes plus que tout geste ; la soie ne bouge pas sous le doigt si vous tâtez, et cependant il passe, dans les moirures, des pulsations et des stries comme sur le dos de la chenille : la Reine autrefois livrée veut s’enfuir… de ce pays, ou bien de sa Peinture. Quel sortilège la fixa donc ainsi entre couleur et soie, quand la Politique l’avait faite recluse seulement aux provinces barbares !
Cette Peinture est donc doublement l’image d’une captivité. Cette Reine est la morte exilée. On pouvait, de son vivant, tenter de l’affranchir, et, par de nouveaux contrats heureux, la ramener au dedans des barrières… Mais le pinceau, chargé d’art et de pouvoir magique, s’est trouvé plus puissant et plus méchant que la raison d’état. Il l’a créée, immortelle, liée, écrasée sur cette mince feuille fragile, animée,