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Page:Segalen - Peintures, 1918.djvu/61

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souffrant tant qu’on la regardera. Ce pinceau tremblait d’émoi et suait la vie essentielle… Et maintenant, comment l’en défaire ? On ose à peine la rouler pour l’ensevelir dans le cercueil de cèdre comme les autres… Manier comme du papier cette présence palpitante ? cette vie incluse qui veut naître ? ce souffle qui veut s’expirer ?

Le Peintre, s’il la voyait encore, s’épouvanterait de sa peinture : elle veut vivre et elle ne peut pas… Ses yeux s’allument et se voilent… Elle veut…

— Oh ! tuez la plutôt ! Tuez cette image agonisant depuis si longtemps. — Mais tuez la donc ! Elle souffre sans espoir d’autre secours humain que le feu… Jetez la au feu…

On ne la reverra plus jamais douloureuse, avec son grand air royal !