Page:Segalen - René Leys.djvu/150

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16 août 1911. — Oui… Et pourtant, mon voisin, en s’en allant, n’a pas fait disparaître avec lui l’odeur des insinuations empressées qu’il apporte avec cette insistance. J’ai donc appris, bien malgré moi, et je ne l’ai pas oublié, que René Leys n’a point d’autre commerce féminin connu de la renommée que ses visites aux chanteuses de Ts’ien-men-waï. J’ai goûté, et je puis en témoigner, de la professionnelle chasteté de celles-ci… Je dois donc reconnaître que toutes les apparences le condamnent. Et pas même chez lui la présence menue de la petite Japonaise « pour l’hygiène »… Ce jeune homme est maladroitement vertueux. — René, mon cher René, tu es décidément imprudent ou bien mal guidé dans ta réserve juvénile… Faut-il, là-dessus, te conseiller telle une mère, le soir du contrat ? Non. Qu’il se « débrouille » avec sa réputation.

Même ce tutoiement, éclos dans la liberté d’un soliloque, m’irrite, et j’en veux tout naturellement beaucoup moins à lui qu’à Jarignoux. — Après tout, René Leys n’a-t-il pas le meilleur des prétextes à se désintéresser des femmes : une autre femme ; une seule ? Car il n’a point à s’en aller mendier, quérir