Page:Segalen - René Leys.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui sert communément de remise aux harnais. En quelques instants, l’orchestre, occupant le fond de la scène, s’accorde avec un grand bruit discordant. Et tout à coup, devant moi, unique spectateur, le spectacle commence ! Cela représente… Cette fois je sais bien : la troupe de René Leys et de ses amis… Nouvelle organisation policière, sans doute… Ils évoluent, ils pirouettent, ils jouent avec une précision professionnelle. Là encore, il y a des combats, — mais obligatoires ; — des entrées, des reprises, des méprises, — mais par principe. Grâce à l’initiation bien retenue, je sais très exactement l’instant où il faut applaudir ; — et je pousse énergiquement à propos le « Rrrrhao ! » guttural qui tient lieu de toutes les claques parisiennes, de tous les sifflets américains.

C’est en effet très aimable à lui de me donner ainsi le théâtre à domicile. Je ne marchande point mes « Rrrrhao ! ».

Quand il me rejoint, modeste, la figure lavée des fards, un peu en sueur, fier et satisfait, je devrais tout d’abord le complimenter… mais un je ne sais quoi m’a déplu, m’a déconcerté… Pourquoi lui cacher ce que je pense ? Je le lui dis : quelque chose de cabotin, de très mauvais aloi, surtout en Chine, m’a déplu en lui.

Il répond, très sûr de lui-même :

— C’est qu’Elle aime tant le théâtre ! Elle m’avait fait promettre d’apprendre ce rôle. Vous me dites