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Page:Segalen - René Leys.djvu/210

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14 octobre 1911. — Après tout, j’ai promis de l’aider. Je joue dans son jeu. Je prends parti : le parti de nos Mandchous aux Belles Cités Interdites. Et j’observe les règles du jeu. J’étudie de nouveau par avance la marche de chacun des pions. — Que ce soir d’hiver approchant est tout d’un coup froid et désolé ! Cependant c’est pour Lui et notre parti que je sors, vers Ts’ien-men-waï, dont les alentours comprennent non seulement les quartiers d’ivresse et de plaisir, mais la Gare principale, la tête de ligne du chemin de fer Franco-Belge-Chinois de « Han-K’eou-Péking ! » Je tiens à surveiller par moi-même la mobilisation des troupes impérialistes, fidèles, et, par décret, victorieuses, avant peu, des « Rebelles ».

La Grande Porte est encombrée d’artilleurs cherchant à rejoindre leurs canons, et d’une cohue de coolies s’efforçant d’embarquer les caissons, le tout revêtu de couleurs allemandes que les taches rendent invisibles, efficacement kaki d’oie et beige sale. Telle est la « demi-brigade » destinée à soutenir là-bas, bien loin, au fond de la province, à la fois le Trône et l’Autel. Que ces gens, qui partent pour la