Page:Segalen - René Leys.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

guerre, me semblent gais, inoffensifs et encombrants !

Voici que leur troupe un peu molle est soudain traversée d’une bande joyeuse, venant de la Ville Tartare, passant la Porte, destinée sans doute à Ts’ien-men-waï où elle tend… où elle promènera de porte en porte, de maison en maison de thé la cadence de sa future ivresse !… Dieux de la Guerre ! Et toi-même, Kouan-ti barbu ! C’est la charmante société de jeunes gens bien appris dont René Leys m’a valu l’amitié… Et lui-même, en personne, au milieu d’eux !

Évidemment, il vient comme moi, très habilement entouré, surveiller l’embarquement…

Non. Il me prend très mystérieusement par ma manche Européenne :

— Figurez-vous qu’on allait se tromper de bout : ce ne sont pas les émeutes de Wou-tch’ang qui pressent… Savez-vous ce que je viens de découvrir, ici, à Pei-king… dans la ruelle « aveugle » au sud du Licou li tch’ang ?…

Non, vraiment, je ne puis accepter… Ce qu’ « on » a découvert est un peu trop anodin pour les temps que nous allons vivre. Il y aurait, paraît-il, une reprise du mouvement « réformiste » de K’ang-Yeou-wei — l’ancien conseiller de Kouang-Siu — et deux mille étudiants, munis de ses dogmes, seraient en marche pour battre la campagne, autour de Pei-king.