Page:Segalen - René Leys.djvu/225

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13 novembre 1911. — Je n’ai pas eu même le temps de courir chercher René Leys : une ruée de gens en fête dans la rue des Légations m’apprend « qu’Il arrive » — « qu’Il sera là dans dix minutes » ; que l’on s’attend à des troubles ; et que l’on ne sait pas si tout Peiking ne va pas brûler cette nuit.

Oh ! oh ! moment historique ! Le vieux renard a bien joué : un secrétaire à la Russie me détaille, en courant avec moi vers la gare, le jeu, tout le jeu de l’offre et du refus si bien mené jusqu’au gain, et dont aucun écho n’était parvenu au fond de mon quartier chinois, alors que tous les Étrangers depuis dix jours en marquaient les étapes. Voici : Yuan Che-k’aï, l’exilé, le disgrâcié, nommé soudain Vice-Roi des deux Hou, — refuse. Politiquement, médicalement (sa jambe est encore bien malade). En réponse, on le nomme non plus Vice-Roi, mais Généralissime des troupes envoyées contre les Rebelles ; il accepte et ne bouge pas. — On lui enjoint de regagner son poste, au front, à quelques lieues d’Han-K’eou ; à mille kilomètres sud de Pei-king, et, brusquement, levant tout ce qu’il a de troupes bien à lui, il se met en route, mais vers le nord ; sur Pei-king…