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Il arrive… il sera là dans dix minutes… Du haut de la muraille on verra l’entrée… Nous courons toujours, nous arrivons à temps !

Premier train ; bien plus long que le quai. Il en sort un millier de soldats aux figures rondes et rouges ; des paysans bien nourris. Second train, de même contenu. Rien de plus pendant deux heures…

À la nuit, dernier convoi : des valets, des gardes, des femmes, des soldats d’ancien modèle aux hallebardes terribles, et formant haie mouvante et drue autour d’un homme court aux gestes vifs, aux yeux puissants et inoubliables qui, d’un trait, boivent et absorbent ces créneaux d’où je me penche, saisissant la ville où il entre, déjà maître avant le siège, serviteur plus fort cent fois que celui qui le nomme. Il est vêtu de la robe jaune, de la veste de cheval, du chapeau d’hiver, plume de faisan ! Un second coup d’œil, très doux celui-là, amical, pour les Européens qui n’ont jamais en vain compté sur lui, et l’acclament… et le voici presque porté par ses gardes jusqu’à la berline à grands chevaux noirs, — un peu trop russes en ce moment de Chine antique… Les gardes courent et s’accrochent aux marchepieds… l’équipage passe à grande allure la porte… latérale, celle que le peuple emprunte tous les jours quand, descendant du train, il pénètre dans la demi-lune de Ts’ien-men-waï.

Bien que déjà très sûr de lui, il a eu cette patience, cette décence de ne point exiger qu’on ouvrît les