Page:Segalen - René Leys.djvu/235

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tre… Il conte si bien ! Et tant de gens pourraient l’envier !

Cependant, il me faut bien aujourd’hui, par logique apprise, par habitude mondaine ou philosophique, essayer de discerner le vrai du faux ; le possible du probable ; le croyable du déconcertant. Posons d’abord qu’il y a eu du vrai ; — mais qu’il a pu, par vantardise de jeunesse, enjoliver plus d’un détail. Et mettons en présence, d’une part, son récit :

— Un jeune Belge, fils d’épicier Belge (mais de mère purement Française : il y tient absolument), s’en vient en Chine avant la puberté. Il apprend une langue réputée difficile ; il entre au Palais, réputé fermé. Il devient le chef d’une organisation secrète ; l’ami du Régent ; l’a…mant de la Douairière ; le conseiller Européen de l’Empire au moment le plus critique que la fonction « Fils du Ciel » ait connue depuis la première intronisation !

Et, d’autre part, ses dons :

— Une aptitude singulière à apprendre tous les langages composés de sons imités ; à recueillir toutes les notions imposées ou suggérées… Une ardeur, un élan, une beauté adolescente ; un attrait évident, non point de lui vers la femme, mais de la femme pour lui… Il semble que la comparaison soit pleine d’équilibre… et que dans un procès de ce genre, le défenseur aurait réponse à tout.

On rétorquera : crédulité excessive ! Non. J’ai admis déjà que certaines aventures ont été édulco-