Page:Segalen - René Leys.djvu/247

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seil à te donner… C’est d’avoir moins peur des puits, de laisser claquer des bombes chimiques qui ne font de mal qu’à leurs émissaires, et de veiller un peu plus, pour ta sécurité personnelle, sur un danger culinaire que tu m’as l’air d’ignorer tout à fait… dont tu ne m’as jamais parlé, et qui est pourtant d’un emploi… historique, en Chine.

Il écoute avec un sérieux tel que je voudrais me taire, tout d’un coup… Mais le sérieux est vraiment trop déplacé. Tant pis :

— As-tu songé dans « tes histoires », au poison ?

Il prend un temps pour répondre avec calme :

— Non. C’est vrai. J’y songerai. Merci de m’y avoir fait penser.

Il s’en revient avec moi, d’un pas de promenade accomplie ; il s’en revient, paisiblement, un peu lâchement, se réfugier chez moi dans cette nuit que lui-même m’a peinte comme décisive… Je le quitte avec une nouvelle mauvaise humeur, humilié de recevoir un tel hôte en un tel moment.