Page:Segalen - René Leys.djvu/252

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— Dites-moi, Monsieur Jarignoux, c’est bien René Leys lui-même qui vous a chargé de m’informer de sa mort ?

— Hein ? répond l’autre qui n’a plus sa figure d’imbécile à tout faire et m’exaspère en prenant le masque du « brave homme ».

— Oui : c’est René Leys qui vous a raconté ça ? (Où est-il ? Voilà deux nuits qu’il ne découche plus de chez moi…)

Jarignoux, hébété de ma réponse, ne peut que bégayer :

— Mais puisque je viens de le trouver sur son lit, chez lui… Allez-y voir, vous qui le connaissez !

Et le brave homme, tout ému, ajoute qu’il a reçu ce matin vers huit heures la visite du boy de René Leys qui trouvait que « la maladie de son maître » durait plus longtemps que d’habitude aujourd’hui…

La « maladie » ! René Leys est en syncope. L’absence d’émotions attendues, peut-être !

Ou peut-être ai-je été un peu dur, l’autre jour, avec mon questionnaire en trois points. Il s’est endormi, pour un peu trop longtemps… Il abuse… Je lui dois bien d’aller le réveiller !

Même soir. — J’y suis allé. J’en reviens. René Leys ne s’est pas réveillé. Pour la première fois, Jarignoux avait raison : René Leys est mort. Cette matinée dans cet horrible Pei-king, déjà presque en