Page:Segalen - René Leys.djvu/48

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un fait. Peut-être du Midi, et ceci expliquerait ce teint mat, et ces beaux grands yeux…) Son père est un marchand wallon. Quant à lui, il a été un peu laissé à lui-même, c’est-à-dire mis au Lycée en Belgique, où il a pu atteindre à la seconde moderne. Puis, entraîné par les affaires paternelles jusqu’ici, où il est arrivé à l’âge de quinze ans et s’est trouvé tout d’un coup dépaysé, désœuvré. C’est pour cette unique raison qu’il s’est donné au « chinois ». Il faut avouer qu’il le parle bien.

(En effet il a une extraordinaire facilité à se servir de tous les mots dans toutes les langues.)

M. Jarignoux, qui ne semble pas aussi bien doué, s’arrête court, se demande s’il n’en a pas trop dit sur ce jeune homme, et puis se récuse :

— Après tout, je ne le connais pas. Mais son père, monsieur, ah ! quel brave homme !

Nous parlons ensuite d’autre chose. Pas longtemps. Je ne me sens plus très droit sur la route vers les Hauts Fonctionnaires ; et les affaires de mon voisin tourneraient aisément autour des miennes. La visite est rendue. J’ai été poli.