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du « Finistère »… mon nom breton de « Segalen ». Mon prénom hérite des deux derniers sons. Le tout se prononce : « Sié Ko-lan », et me déplaît un peu, car, traduisant, j’obtiens sans erreur (outre le mot « Sié », nom de famille) Ko-lan, « orchidée du Pavillon des Vierges ». Je prise davantage mon « Épi de Seigle » breton.

L’heure de cette visite m’incline à croire que ces jeunes gens viennent tous faire honneur à mon déjeuner. Sans trouble, je fais tenir à mon cuisinier la nouvelle : « Trois hôtes de plus à ma table », — assuré que nous mangerons dans un instant comme cinq, et que je paierai, ce soir, comme si nous avions été douze.

Cependant que mes « hôtes » devisent entre eux et repèrent les indispensables objets européens acceptés dans ma maison chinoise, — René Leys complète la présentation :

— Ce gros-là, le plus gros, — celui qui fouille votre bibliothèque, est employé au Ministère des Rites. L’autre, le petit avec des sourcils froncés, est le neveu du Prince Lang…

— Ah ! oui, votre élève ?

— Non. Ce n’est pas mon élève : c’est mon ami.

— Vous m’aviez dit avoir pour élève le « neveu du prince Lang ».

René Leys me regarde et, avec une précision commisérante :

— Le prince Lang a dix et quelques neveux.