Page:Segalen - René Leys.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

villon à étage », sauter par-dessus, et les trépigner à tabac bien avant qu’on ait pu en sauver un morceau ? C’est bien ça, hein ?

— Non, dit tranquillement René Leys. Ensuite, il a joué…

—  ?…

— Ils avaient des revolvers. Il a joué. Ensuite, ils ont exigé qu’il dansât…

— Et il a dansé ? Et il les a poliment reconduits à leur voiture ? J’attendais mieux.

— Il n’avait pas bu ce jour-là ! avoue discrètement mon ami René…

Désabusé, dépité, déçu, j’ose à peine jouir des droits limités que m’accorde avec une gentillesse tarifée ma jolie Policière élue… D’abord, mon vocabulaire touche à sa fin. Je n’ai vraiment plus rien à lui dire. J’ai scrupule de la retenir ainsi, inactive, quand je la devine à tout instant fort occupée à d’autres soins. Il se joue en dehors de moi une scène dont je ne saisis que des gestes dérobés. Tous ces gens, femmes et hommes, semblent traiter naturellement leurs affaires, — quelles affaires ? — Souvent ils parlent à voix basse. René Leys, à demi-couché sur un lit inconfortable, ne s’occupe que de « Pureté ». Il lui parle de tout près, de tout bas. Le vieil Oncle a disparu, — marché conclu, — se livrant à domicile la toute petite sœur âme qu’il vient de payer un bon prix. (J’ai cru entendre trois mille huit cents taëls, ce qui, au change du jour, trois francs douze