Page:Segalen - René Leys.djvu/88

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sous, fait bel et bien treize mille soixante-huit de nos francs.) Il est vrai qu’elle est désormais à lui, commercialement, pour la vie.

Le neveu n’a pas suivi l’Oncle. Ce Gros Bon Garçon transpire toujours. Je me sens tout d’un coup très seul. Très désoccidenté. Les rires à la Française sont loin d’ici. On ne rit pas souvent, ici où nous sommes ! Ayant, un instant trop long, accepté le gîte, j’ai bien envie de m’en aller, sans réclamer le reste…

Et j’approuve fort René Leys, qui vient à moi :

— Voulez-vous que nous rentrions « chez nous » ?

— « Chez nous » ! Ah ! certes oui ! Rentrons, rentrons. Où est la porte ?

Nous voilà enfin, lui seul et moi, dans le désert poignant et noir de ces rues que j’avais, trois ou quatre heures auparavant, traversées, bouillantes de lumière et de chaleur de fin du jour. Je m’y perdrais : je suis déjà perdu ! Il me conduit avec sécurité.

Je ne sais quoi dire. Suis-je ravi de ma soirée ? À tout hasard, je félicite René Leys :

— Très bien, votre cour auprès de « Pureté Indiscutable »… Dites-moi, après coup, pourquoi porte-t-elle un nom si… improbable dans sa Profession ?

Il proteste avec le plus grand sérieux :

— Elle est vierge. Elle n’a jamais été…

Ici un verbe chinois délicatement expressif, et