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Page:Segard - Hymnes profanes, 1894.djvu/93

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Or le cœur bondissant d’une joie éphémère,
Enfin sur le sommet des monts illuminés
J’ai vu le temple où les poètes prosternés
Dressent pour ostensoir l’éternelle Chimère !

Des cierges brasillaient dans leur gaîne de cuivre,
L’encens montait jusqu’aux volutes des arceaux
Et sur le front des saints perdus dans les vitraux,
Par moments il tremblait des couronnes de givre.

Le tabernacle étincelait hors du retable
Et sur les marches de l’autel inviolé,
Un prêtre énigmatique en robe d’or filé
Tendait les bras vers la Chimère impitoyable !




C’était un Paradis irréel, insensé,
Mais où le fier poète évadé de la vie,
Du moins pouvait aimer de douces Ophélie
Des Salammbô, des Cléopâtre et des Circé !