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Page:Segard - Hymnes profanes, 1894.djvu/94

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C’est là que je t’aimai pour la première fois.
Vierge, tu t’avançais en ta tunique blanche,
Tes cheveux blonds nimbés de candide pervenche
Et le lys symbolique entre tes frêles doigts :

Les orgues sanglotaient la prière d’Elsa,
Tandis que tes yeux bleus cherchaient, dans la pénombre,
Le Lohengrin, éblouissant, surgi de l’ombre
Pour t’emporter vers les splendeurs du Walhala !

J’étais ce Lohengrin et te tendis la main.
Un mystique baiser scella nos accordailles,
Et seuls, dans la langueur du chant des fiançailles,
Nous prîmes notre essor vers un ciel surhumain !




Ma chapelle aujourd’hui n’est plus qu’un cimetière
Où sont ensevelis mes rêves les plus beaux,
Le sol où tu marchais s’est pavé de tombeaux
Et j’ai prié sur eux ma dernière prière.