Page:Segrais - L’Énéide (Tome 1), 1719.djvu/115

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L’or de ses blonds cheveux, un teint vif et vermeil,
Et le feu de ses yeux plus clair que le soleil.
Ainsi de l’Artisan la main souple et savante
Ajoute un nouveau lustre à l’ivoire luisante ;
Ainsi reluit le marbre, ou l’argent façonné,
Quand d’un or éclatant il est environné.
    Son aspect imprévu rend sa troupe étonnée.
« Troyens, s’écria-t-il, reconnaissez Enée,
Votre Prince vainqueur de la rage des flots. »
    Se tournant vers la Reine, il poursuit en ces mots :
« Reine, qui par pitié de nos longues misères,
Accordes un asile à nos Dieux tutélaires,
Et ne dédaignes point ces restes malheureux
De la fureur des Grecs et des vents orageux ;
Bannis de toutes parts, pouvons-nous être dignes
De ces rares bienfaits, de ces faveurs insignes ?
Les Dieux (s’ils sont touchés de la sainte équité,
D’un cœur pur et sincère et de la piété)
Les Dieux reconnaîtront cette bonté divine.
Heureux l’illustre auteur de ta noble origine !
Tant qu’au vaste Océan les fleuves couleront,
Tant qu’aux voûtes des Cieux les astres brilleront,
En quelque région que mon destin m’appelle,
J’y rendrai ta louange, et ta gloire immortelle. »
    Ayant fini ces mots, d’un air noble et hautain
Au sage Ilionée il présente la main,
Il embrasse Sergeste, et Gyas, et Cloanthe,
Et les plus signalés de leur troupe vaillante.
Ces guerriers à leur Roi s’offrent avec respect.
Didon paraît surprise à ce premier aspect :
L’aventure l’étonne, elle en revient à peine ;
En ces termes enfin s’exprime cette Reine :
    «