Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/109

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Corneille d’aller lui-même chez saint Pierre, au lieu de le déranger, lui qui était le chef de l’Église.

Grand’mère. Chère enfant, il fallait avant tout obéir exactement à la parole de l’Ange. Corneille respectait la parole de Dieu, quoiqu’il ne fût pas Chrétien ; il devait croire que la volonté de Dieu était que Pierre vînt à lui ; il exécuta l’ordre du Seigneur, et il ne pouvait plus être question de politesse, quand le bon Dieu avait parlé.

Cela signifiait en outre que saint Pierre, et avec lui les autres Apôtres, devaient aller trouver les peuples infidèles, pour les convertir.

Corneille, qui attendait saint Pierre, avait rassemblé ses parents et ses amis. Quand donc Pierre entra, Corneille vint au-devant de lui, et se jetant à ses pieds, l’adora.

Jacques. Comment, l’adora ? On n’adore que Dieu ; on n’adore même pas la Sainte-Vierge.

Grand’mère. C’est très-vrai, cher enfant ; mais le mot adorer veut souvent dire, dans les langues anciennes, se prosterner par respect. Ce n’était donc pas de la part de Corneille l’adoration qu’on ne rend qu’à Dieu seul. Aussi Pierre le releva et lui dit :

« Lève-toi ! moi aussi je ne suis qu’un homme comme tous les autres hommes. »

Et s’entretenant avec Corneille, il entra dans la maison, où il trouva un grand nombre de personnes assemblées. Et il leur dit :

« Vous savez combien il est odieux à un Juif d’aller chez un païen. Mais Dieu m’a appris à n’appeler aucun homme profane et impur. C’est pourquoi, dès que vous m’avez appelé,