Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/147

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Un jour qu’ils étaient à l’endroit où on priait, ils rencontrèrent une jeune fille qui avait l’esprit de prophétie, mais c’était l’esprit du démon qui la remplissait et non pas l’esprit de Dieu. Elle faisait gagner beaucoup d’argent à ses maîtres parce qu’elle devinait l’avenir, et beaucoup de gens venaient la consulter. Cette fille suivait saint Paul et saint Luc en criant : « Ces hommes sont des serviteurs du Dieu très-haut ; ils vous annoncent la voie du salut. »

Elle fit cela plusieurs jours de suite.

Pierre. Mais, Grand’mère, je trouve que c’était très-bien à elle ; ce que je ne comprends pas, c’est comment l’esprit du démon lui faisait crier des choses excellentes.

Grand’mère. Parce que le démon savait qu’en proclamant comme envoyés du Seigneur, ces hommes qui prêchaient la doctrine de Jésus-Christ, cette fille irriterait le peuple qui détestait les Juifs. Le démon est souvent obligé de rendre malgré lui hommage à la vérité. Combien de fois n’avons-nous pas vu dans l’Évangile, le démon forcé de déclarer que Jésus-Christ était le Fils de Dieu ! Ici, il rendait témoignage à l’Apôtre, comme jadis il avait rendu témoignage au Maître. Saint Paul, voyant que cette fille ne cessait de les poursuivre de ses cris, en fut contristé…

Valentine. Pourquoi contristé ? Qu’est-ce que cela lui faisait ?

Grand’mère. Il lui était pénible de se voir appelé devant tout le monde un Saint homme, un envoyé de Dieu. Quand on est humble, on n’aime pas les louanges.

Saint Paul se retourna donc vers la possédée et dit à l’esprit : « Je te commande au nom du Seigneur Jésus-Christ de sortir de cette fille. »