Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/176

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une chose qui n’était qu’une question d’usages juifs ; il avait même, comme Apôtre et comme Frère, le devoir de représenter à saint Pierre le tort que pouvaient faire parmi les Gentils convertis, une si grande sévérité et une preuve si visible de son éloignement pour eux. Saint Pierre envisageait cette conduite au point de vue des Juifs, et saint Paul au point de vue des païens ; ils ont discuté là-dessus sans y mettre d’amour-propre ni d’aigreur. Et saint Pierre a trouvé que les raisons de saint Paul étaient plus importantes encore que les siennes. Il céda, donnant ainsi à tous les Souverains Pontifes, ses successeurs, une leçon d’humilité, de douceur et de bonté.

Quant à la question en elle-même, saint Pierre croyait qu’en irritant les Juifs, qui détestaient et méprisaient les Gentils, il attirerait une persécution sur tous les Chrétiens, et qu’il valait mieux éviter tout ce qui pouvait troubler l’union dans l’Église.

Valentine. Et saint Paul, qu’est-ce qu’il croyait ?

Grand’mère. Saint Paul croyait qu’il valait mieux braver les Juifs orgueilleux, ne pas faire attention à leurs colères, et se tenir prêts à souffrir la persécution, si elle arrivait.

Jeanne. Et vous, Grand’mère, qu’est-ce que vous croyez ?

Grand’mère. Je ne crois rien du tout, chère petite, parce que je ne suis pas en état de juger la question, ne connaissant ni les hommes ni les choses au milieu desquels se trouvaient saint Pierre et saint Paul. Ce que je sais, c’est que tous deux étaient de très-fidèles et parfaits serviteurs de Jésus-Christ et que tous deux ont versé leur sang pour lui.