Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/198

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es assis pour me juger, et, contre la loi, tu commandes qu’on me frappe ! »

Ceux qui étaient présents lui dirent : « Oses-tu bien maudire le Grand-Prêtre de Dieu ? » Saint Paul répondit : « Je ne savais pas, mes frères, que ce fût le Grand-Prêtre. Car il est écrit : Vous ne maudirez pas le Prince de votre peuple. »

Jacques. Je suis bien fâché que saint Paul réponde si doucement ; j’étais enchanté de ce qu’il avait dit à ce méchant Grand-Prêtre.

Grand’mère. Saint Paul a voulu témoigner par sa réponse douce et humble, de son respect pour les autorités instituées par Dieu lui-même ; et de celui que nous devons avoir pour les prêtres et tous les ministres du bon Dieu.

Élisabeth. Grand’mère, est-ce que saint Paul n’a pas un peu menti, en disant qu’il ne savait pas que ce méchant homme fût le Prince des prêtres ? Puisqu’il avait le Saint-Esprit et qu’il faisait même des miracles, il devait savoir à qui il parlait.

Grand’mère. Saint Paul n’a jamais menti, chère petite. Quoiqu’il eût le Saint-Esprit, il ne savait que ce que le Saint-Esprit lui permettait de savoir. Le bon Dieu aura permis ce moment d’ignorance, pour que saint Paul put exhaler librement son mécontentement contre ce juge injuste et oppresseur, et aussi pour faire rentrer en eux-mêmes le Grand-Prêtre et ceux qui jugeaient avec lui. Enfin, saint Paul, ne connaissant pas Ananie, pouvait s’y tromper, parce que le Sanhédrin s’était réuni non pas dans le Temple, comme d’habitude, mais dans l’appartement particulier du tribun, et aucun d’eux n’avait les ornements qu’ils portaient dans le Temple et qui faisaient reconnaître leurs différentes dignités.