Grand’mère. D’abord, rien ne donne du courage comme la foi ; ensuite, en qualité de grande dame romaine, elle était respectée ; les soldats n’osèrent pas la repousser. Enfin, tu remarqueras que saint Paul lui recommande de s’éloigner à cause de la foule.
On était près d’arriver à la place où saint Paul devait avoir la tête tranchée ; Longin, Mégiste et Aceste redoublaient courageusement leurs instances et demandaient comment ils pouvaient arriver à la véritable vie.
« Mes enfants et mes frères, répondit saint Paul, lorsque le glaive aura tranché ma tête et que vous et les autres vous serez retirés, des Chrétiens fidèles viendront enlever mon corps. Vous remarquerez le lieu de ma sépulture, vous y viendrez demain de grand matin et vous y trouverez deux hommes en prières, Tite et Luc. Vous leur direz pourquoi je vous ai envoyés, et ils vous donneront le baptême du salut en Notre-Seigneur. Alors vous croirez, et lorsque vous aurez été plongés dans la fontaine de salut, vos péchés seront effacés. »
En parlant ainsi, ils arrivèrent au lieu du supplice. Là, se tournant vers le côté où se lève le soleil, et levant les mains au ciel, Paul rendit grâces au Seigneur. Il pria longtemps à haute voix, en langue hébraïque, et pleura beaucoup.
Louis. Pourquoi pleurait-il, puisqu’il savait qu’il allait dans le Ciel ?
Grand’mère. Il pleurait d’émotion et de reconnaissance pour lui-même, et de compassion pour l’Église qu’il laissait dans une si terrible persécution.
Henriette. Comment les soldats de Néron, qui étaient si pressés, lui permirent-ils de prier longtemps ?