Page:Segur - Actes des Apotres.djvu/247

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parti prendre. Enfin, suivant le conseil de ses amis, il rendit plus tard la liberté à quelques malheureux Chrétiens qui étaient encore en prison.

Jacques. À la bonne heure ! Ces pauvres gens du moins ont été sauvés du martyre.

Élisabeth. Eh bien ! je crois que c’eût été plus heureux s’ils avaient été martyrisés.

Henri. Pourquoi donc ? C’est terrible d’être martyrisé.

Élisabeth. Oui, terrible pendant quelques heures ; mais après, quel bonheur de se trouver dans le Ciel avec la Sainte-Vierge, avec les Anges, et tous les Saints, pour toujours, toujours ! N’est-ce pas, Grand’mère ?

Grand’mère. C’est vrai, chère enfant ; mais n’est pas martyr qui veut. La vie comme la mort est un bienfait pour ceux qui aiment Dieu. Redevenant libres, ces Chrétiens ont sans doute vécu saintement et ont converti d’autres personnes. Ainsi il faut se réjouir de leur délivrance.

Le lendemain, de grand matin, les trois officiers, Longin, Mégiste et Aceste, vinrent au tombeau, comme le leur avait ordonné l’Apôtre. Ils y trouvèrent les deux hommes en prières et Paul debout au milieu d’eux. À cette vue, saisis d’admiration et de crainte, ils n’osaient approcher. En même temps, saint Tite et saint Luc, sortant de l’extase de leur prière…

Armand. Qu’est-ce que c’est : extase ?

Grand’mère. Je t’ai déjà expliqué que l’extase est un état extraordinaire pendant lequel on ne sait où on est ; on n’entend pas, on ne voit pas ce qui se passe autour de soi. Les grands Saints sont sujets à ces extases, et se sentent comme transportés dans le Ciel près de Dieu, de la Sainte-Vierge et des Anges.