l’aima de plus en plus et le laissa commander à sa place dans la
prison.
XXXIX
SONGES DU GRAND ÉCHANSON ET DU GRAND PANETIER
Il arriva, un jour, que le roi Pharaon se fâcha, on ne sait pour quel motif, contre deux de ses grands officiers qui lui avaient manqué de respect, le grand échanson, celui qui versait à boire au roi, et le grand panetier, celui qui était chargé de fournir le pain de la table du roi. Ils furent tous deux condamnés à la prison, et on les amena dans celle où était Joseph, qui les servait de son mieux et qui avait soin d’eux.
Un jour Joseph les trouva tristes. « Qu’avez-vous ? leur demanda-t-il ; pourquoi avez-vous le visage tout abattu ? »
Ils lui répondirent : « C’est parce que nous avons eu tous les deux un songe qui nous fait peur, et nous n’avons personne pour nous l’expliquer.
— Dites-moi ce que vous avez rêvé, le Seigneur m’aidera à le comprendre. »
Le grand échanson parla le premier. « J’ai rêvé, dit-il, que je voyais devant moi un cep de vigne qui avait trois petites branches ; elles poussèrent peu à peu ; il y eut d’abord des boutons, puis des fleurs, et à la fin des raisins. J’avais dans la main la coupe du roi Pharaon ; j’ai pris ces grappes, j’en ai pressé le jus dans la coupe du roi, et je la lui ai présentée à boire. »