Joseph lui répondit : « Voici ce que veut dire votre songe : les trois branches signifient trois jours, après lesquels Pharaon se souviendra des services que vous lui avez rendus ; il vous rendra votre charge, et vous lui servirez à boire comme vous le faisiez auparavant. Seulement je vous demande une chose. Quand ce bonheur vous arrivera, souvenez-vous de moi, et obtenez du roi qu’il me retire de cette prison où j’ai été mis sans l’avoir mérité, car je suis innocent du crime dont on m’a accusé. »
Le grand panetier, charmé de L’explication de ce songe, lui dit : « Moi aussi j’ai rêvé quelque chose de semblable. Il me semblait que j’avais sur la tête trois corbeilles de farine ; celle de dessus contenait tout ce qu’il fallait pour faire du pain avec la pâte toute prête à cuire et les oiseaux du ciel venaient en manger. »
Joseph lui répondit : « Cela veut dire que vous avez encore trois jours à vivre, après lesquels Pharaon vous fera couper la tête, et vous fera ensuite attacher à une croix où les oiseaux viendront déchirer votre chair. »
Marie-Thérèse. Ce pauvre panetier ! il avait raison d’être triste.
Grand’mère. Oui, et d’autant plus que tout arriva comme l’avait prédit Joseph.
Gaston. Et le grand échanson fit sortir de prison le pauvre Joseph ?
Grand’mère. Hélas ! non. Il fit comme tant d’autres gens heureux. Il fut ingrat, il oublia le pauvre Joseph, qui resta en prison.
Paul. C’est bien méchant à ce grand échanson. J’espère que le gouverneur au moins demandera grâce pour Joseph.
Grand’mère. Non ; Joseph lui était trop nécessaire pour qu’il voulût s’en séparer. Mais tu vas voir que Dieu, qui protège les bons, récompensa généreusement Joseph de ses vertus.