vendît à des étrangers plus qu’il ne pouvait leur en vendre ; en donnant lui-même les ordres pour le blé qu’on pouvait leur laisser emporter, il était sûr qu’on ne dépasserait pas la quantité qu’il avait fixée.
Les frères de Joseph furent donc amenés devant lui ; il les reconnut tout de suite, mais eux ne le reconnurent pas.
Louis. C’est singulier qu’ils n’aient pas reconnu leur frère.
Grand’mère. Mais non, c’est au contraire très-naturel. Joseph avait dix-huit ans quand ils l’ont vendu ; il en avait alors environ quarante ; il était grandi, fortifié, il avait de la barbe. De plus, ils ne pensaient plus à lui, et ils ne pouvaient pas imaginer que le pauvre Joseph, vendu comme esclave, pût être le gouverneur d’un grand royaume, et le favori du roi Pharaon.
Joseph n’eut pas l’air de les avoir reconnus. Il leur parla donc comme à des étrangers.
« Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? » leur dit-il assez rudement.
Ils se prosternèrent devant lui et lui répondirent : « Nous venons du pays de Chanaan.
— Que venez-vous faire ici ? Je vois que vous êtes des espions ; vous venez pour reconnaître les passages les plus faciles de l’Égypte et les endroits les plus faibles, pour nous attaquer et nous piller.
— Seigneur, cela n’est pas, répondirent les frères ; nous venons seulement pour acheter du blé, afin de ne pas mourir de faim avec notre père. Nous sommes douze frères, enfants du même père ; nous n’avons aucune mauvaise intention.
— Vous dites que vous êtes douze et je n’en compte que dix, dit Joseph.
— Seigneur, notre père a gardé notre plus jeune frère, et l’autre n’est plus de ce monde. »
Joseph, qui était inquiet de son frère Benjamin…
Petit-Louis. Pourquoi en était-il inquiet ? Puisqu’on lui dit qu’il était resté avec Jacob.