qu’elle était jeune, aimable, joyeuse, agréable, qu’il avait été beaucoup plus heureux avec elle que depuis qu’il ne l’avait plus. Enfin, il partit avec un serviteur pour aller la chercher. Elle le reçut avec beaucoup d’amitié, et le fit entrer dans la maison de son père ; le Lévite y resta plusieurs jours, et enfin il repartit avec sa femme, malgré le père qui désirait les garder encore.
Vers le soir, ils arrivèrent près de Gabaa, petite ville de la tribu de Benjamin. Ils étaient fatigués, ainsi que leurs ânes, mais personne ne voulut les loger. Ils étaient assis à terre dans le chemin, ne sachant où aller. Heureusement qu’ils rencontrèrent un vieillard qui leur proposa de les loger pour la nuit. Ils acceptèrent avec joie ; il leur lava les pieds, leur donna à boire, à manger, ainsi qu’à leurs serviteurs et à leurs ânes, et il leur donna une place pour y coucher.
Quand la nuit fut venue, on entendit un grand bruit à la porte ; le vieillard se leva et alla voir ce que c’était. Il trouva une foule d’hommes de mauvaise vie, des voleurs qui voulaient entrer. « Nous voulons, criaient-ils, que tu nous livres cet homme qui est entré chez toi ce soir. » — Le bon vieillard les pria, les supplia de laisser cet homme passer tranquillement la nuit chez lui. « Je ne peux pas vous le livrer, disait-il, ce serait une trahison ; je n’ai pas donné asile à cet étranger pour le faire égorger ni voler ; je vous supplie de ne pas lui faire de mal. »
Ces méchants hommes ne voulant rien écouter, le Lévite, qui craignait qu’ils ne tuassent le bon vieillard, prit un parti qui était pour le moins fort inhumain et imprudent. Il prit sa femme et la fit livrer à ces méchants hommes par le vieillard.
Jacques. Le vilain homme ! Lui, tout homme qu’il est, a peur, et il abandonne à ces voleurs une pauvre femme qui avait bien voulu le suivre.
Grand’mère. Je trouve comme toi qu’il a fait une action lâche et cruelle. Mais il faut dire, pour son excuse, que dans ce temps-là, les femmes étaient traitées avec bien moins de considération qu’elles