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Page:Segur - Bible d une grand mere part 1.djvu/298

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ne le sont maintenant : on achetait, on donnait une femme presque comme nous achetons et donnons un cheval, une vache, etc. Il a livré sa femme comme nous livrerions un cheval ou une vache pour nous sauver d’un grand danger. Il n’est donc pas aussi coupable qu’il l’eût été de notre temps. Les voleurs emmenèrent la malheureuse femme, et ils la traitèrent si cruellement toute la nuit, s’amusant à la torturer, que le lendemain, quand le Lévite ouvrit la porte, il trouva sa femme étendue morte en travers de la porte.

Le Lévite, devenu furieux de cet outrage, prit le corps de sa femme, le rapporta chez lui sur un âne, coupa ce cadavre en douze morceaux qu’il envoya aux chefs des douze tribus, en faisant raconter par ses serviteurs le crime dont elle avait été la victime. La tribu de Benjamin, chez laquelle le meurtre avait eu lieu, refusa de livrer les meurtriers aux autres tribus qui les demandaient pour les punir. Alors, les onze autres tribus déclarèrent la guerre à celle de Benjamin : ils rassemblèrent quatre cent mille guerriers. Celle de Benjamin ne put en réunir que vingt-cinq mille. Et pourtant, dans les deux premiers combats, ce furent les Benjamites qui furent vainqueurs, et qui tuèrent une fois vingt-deux mille ennemis, l’autre fois dix-huit mille.

Enfin, les Israélites, étonnés de ne pas vaincre dans une cause si juste, invoquèrent le Seigneur, jeûnèrent et prièrent jusqu’à ce que le Seigneur leur promit la victoire. En effet, quand ils attaquèrent une troisième fois les Benjamites, ils remportèrent une victoire complète, tuèrent leurs vingt-cinq mille guerriers, tous les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards, et ne laissèrent vivre que six cents jeunes filles, qu’ils donnèrent plus tard à six cents jeunes Benjamites, qui avaient réussi à se sauver pendant le massacre des villes. Ces six cents jeunes gens refirent plus tard la tribu de Benjamin, de laquelle devait sortir un jour l’apôtre saint Paul.