dur et l’autre de bois tendre ; ils s’enflamment très-promptement : les sauvages emploient aussi souvent ce moyen-là.
Quand le bûcher de chacun fut en flammes et que la fumée en monta au ciel, Dieu regarda favorablement celui d’Abel, et il ne jeta pas un regard sur celui de Caïn.
Caïn entra alors dans une grande colère, et son visage devint tout changé.
Marie-Thérèse. Grand’mère, comment Caïn a-t-il pu voir que Dieu ne le regardait pas, puisque Dieu est un esprit, et qu’on ne le voit pas ?
Grand’mère. Dieu n’est pas visible pour nous, mais il est probable qu’il s’est montré, dans cette occasion, à Abel et à Caïn. Il y a des auteurs qui pensent qu’au moment du sacrifice, Dieu s’est montré favorable à celui d’Abel, en l’allumant avec le feu du ciel, tandis que Caïn dut allumer lui-même son bûcher ; et c’est cette préférence visible, donnée à son frère, qui irrita si fort le méchant Caïn.
Le Seigneur, voyant le mécontentement de Caïn, lui dit : « Caïn, pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu fais le bien, n’en recevras-tu pas la récompense ? Si tu fais le mal, le péché entrera dans ton cœur ; mais tu pourras toujours le dominer.
Paul. Comment ! dominer ? Qui dominer ?
Grand’mère. Dominer veut dire être maître. Le bon Dieu rappelle à Caïn que lors même qu’il aurait tout à fait des tentations mauvaises, il resterait toujours le maître de les chasser de son cœur, de redevenir bon et pur par le repentir.
Gaston. Et redevint-il bon ? Suivit-il les bons conseils du Seigneur ?
Grand’mère. Pas du tout ; tu vas voir ce qu’a fait ce méchant Caïn.
Peu de temps après, Caïn dit à Abel : « Sortons, allons nous promener. » Abel, toujours doux et complaisant, suivit son frère. Ils s’éloignèrent dans les champs, et quand ils furent loin de leur