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désordres du monde, qui ont séparé des portions de terre du continent.

Gaston. Qu’est-ce que c’est, le continent ?

Grand’mère. On appelle continent la grande partie de la terre qui est d’un seul morceau, qui n’est pas séparée par des mers. On est pour ainsi dire certain que jadis l’Angleterre et l’Irlande n’étaient pas des îles, qu’elles faisaient partie du continent ; de même pour la Sicile. Il est plus que probable qu’il en est ainsi pour toutes les îles connues. Ensuite, on sait que dès les premiers siècles les hommes construisaient des canots, c’est-à-dire des bateaux pour naviguer sur les rivières et les fleuves.

Petit-Louis. Grand’mère, pourquoi dites-vous rivières et fleuves ? c’est la même chose une rivière et un fleuve.

Grand’mère. Pas tout à fait, mon cher petit. Un fleuve se jette dans la mer, et une rivière se jette dans une autre rivière ou dans un fleuve.

Il n’est donc pas impossible que les habitants de la terre aient été quelquefois entraînés vers la mer, et portés par la tempête dans des îles désertes, où ils ont pu vivre, et qu’ils ont peuplées.

Armand. C’est vrai cela. Tu ne crois jamais rien, Henriette ; tu veux toujours comprendre.

Henriette. Certainement, je veux comprendre ; ce qui n’empêche pas que je ne croie les choses qu’il faut croire, quand Grand’mère me le dit ; mais j’aime mieux comprendre, si c’est possible. Ainsi, je suis très-contente d’avoir fait ma question ; et toi aussi, qui grondes, tu es enchanté, parce qu’à présent tu sais comment les îles peuvent avoir des habitants.

Armand. Je ne gronde pas, moi ; je dis seulement.

Grand’mère. Non, mon pauvre petit, tu ne grondes pas ; Henriette s’est trompée de mot ; elle voulait dire : tu remarques, tu observes. Au reste, elle a raison de demander des explications. Et je vous demande à tous de faire comme elle, quand vous ne comprenez pas bien ce que je vous dis, car il peut m’arriver de ne pas