Page:Segur - Bible d une grand mere part 2.djvu/29

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Judith répondit : « Je suis une fille des Hébreux ; je me suis enfuie de chez eux, sachant que vous prendriez la ville, parce qu’ils vous ont méprisés. C’est pourquoi je vais trouver le prince Holopherne pour lui donner les moyens de les prendre sans qu’il perde un seul homme de son armée. »

Ces soldats considérèrent son visage, et ils étaient tous surpris de sa rare beauté. Ils lui dirent : « Vous avez sauvé votre vie en agissant comme vous le dites. Soyez assurée que le prince Holopherne vous trouvera parfaitement belle et que vous lui gagnerez le cœur. »

Les soldats la menèrent alors dans la tente d’Holopherne, auquel ils firent savoir que Judith était là. Il la fit entrer aussitôt ; dès qu’il l’eut regardée, il fut pris par les yeux.

Gaston. Comment ! pris par les yeux ? Judith voulait lui crever les yeux avec ses doigts !

Grand’mère, souriant. Mon cher enfant, pris par les yeux, veut dire qu’en la regardant, il la trouva si charmante, qu’il l’aima tout de suite, et qu’il voulut en faire son épouse.

Paul. C’est drôle, cela ; sans savoir qui elle était, si elle était bonne ou mauvaise.

Grand’mère. C’est le bon Dieu qui permit cette grande admiration d’Holopherne, pour faire réussir le projet de Judith.

Françoise. J’ai peur pour cette pauvre Judith ; je crains qu’on ne la tue.

Grand’mère. Le bon Dieu n’était-il pas là pour la protéger ? Tu verras qu’elle a très-bien réussi dans son projet.

Judith se trouva en présence d’Holopherne, qui était assis dans sa tente sous un dais en pourpre brodé d’or, d’émeraudes et d’autres pierres précieuses ; elle se prosterna devant lui. Holopherne commanda à ses gens de la relever immédiatement. Il lui dit :

« Aie bon courage ; bannis toute crainte de ton cœur parce que je ne te ferai jamais de mal. Si ton peuple ne m’avait pas