Page:Segur - Bible d une grand mere part 2.djvu/30

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méprisé, je n’aurais pas tourné mes armes contre lui. Mais, dis-moi, d’où vient que tu les as quittés et que tu t’es décidée à venir vers moi ? « 

Judith lui répondit : « Croyez à mes paroles, Seigneur, parce que, si vous y ajoutez foi, Dieu achèvera d’accomplir à votre égard ce qu’il a résolu. »

Valentine, souriant. C’est méchant, ce qu’elle lui dit là.

Armand. Pourquoi méchant ?

Valentine. Parce que c’est comme si elle lui disait : Si vous croyez toutes les paroles que je vais vous dire, il me sera facile de vous couper la tête, comme le veut le bon Dieu.

Grand’mère. Holopherne ne comprit pas le vrai sens des paroles de Judith, car il continua à l’écouter avec admiration. Elle lui parla avec beaucoup d’esprit, vanta sa vaillance, son habileté, la réputation qu’il s’était faite dans le monde entier, l’assura que le Dieu d’Israël avait abandonné son peuple, à cause de leur orgueilleuse résistance à ses volontés (ce qui était toujours vrai), mais qu’il lui fallait encore quatre jours.

Elle demanda qu’il lui accordât la liberté d’aller et de venir dans le camp, afin de pouvoir prier son Dieu dans les endroits écartés et faire les ablutions commandées par sa loi.

Tout son discours plut beaucoup à Holopherne et à ses guerriers ; elle le termina par des promesses et des paroles flatteuses. Holopherne et les Assyriens admirèrent la sagesse de Judith. « Il n’y a point, disaient-ils, de femme comparable à celle-ci, soit pour le charme et la beauté de son visage, soit pour la sagesse de ses paroles. »

Holopherne commanda qu’on donnât à Judith sa tente, où étaient ses trésors, et qu’on lui servît des mets de sa table. Mais elle lui demanda la permission de ne manger que ce qu’elle avait apporté avec elle, de peur d’irriter Dieu qui ne la protégerait plus dans son entreprise. « Mais, dit Holopherne, que pourrons-nous faire pour toi quand tu n’auras plus rien de ce que tu as apporté ?