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de flatter Holopherne et de le tromper, pour pouvoir le tuer plus facilement.

Jacques. Pas du tout ; ce n’était pas mal. Un méchant homme qui faisait mourir de soif tous les habitants de Béthulie et qui voulait les tuer tous !

Louis. Et puis c’est le bon Dieu qui a donné cette idée à Judith ; donc elle était bonne.

Henriette. Ce n’est jamais bon de tuer quelqu’un.

Paul. Si fait ; c’est bon quand c’est un ennemi ou un méchant homme.

Marie-Thérèse. La preuve, c’est que Moïse et Aaron et bien d’autres ont tué beaucoup de monde par l’ordre de Dieu.

Henriette. Mais c’était pendant la guerre ; et ce n’étaient pas des femmes qui tuaient.

Petit-Louis. Tu oublies donc Déborah, qui a tué le général Sisara, et que Dieu a approuvée ?

Grand’mère. Ce que tu oublies aussi, ma petite Henriette, c’est que Judith exécutait un ordre, ou du moins une inspiration de Dieu, que c’était pour sauver le peuple de Dieu et le Temple qu’elle s’exposait à de grands dangers, à de grandes fatigues, à des insultes, à des privations, et que les moyens qu’elle employait étaient les seuls possibles pour réussir. Crois-tu qu’Holopherne l’eût laissée vivre, si elle lui avait parlé franchement comme à Ozias ?

Henriette. Non, grand’mère, mais je veux dire seulement que cela me ferait horreur de tuer un homme, quelque méchant qu’il fût, et surtout après l’avoir trompé pour lui couper la tête.

Grand’mère. Aussi, ma pauvre petite, ne seras-tu jamais soumise à une épreuve pareille. — Nous allons maintenant nous occuper d’une autre femme, qui elle aussi a sauvé le peuple d’Israël, quoiqu’avec moins de courage que Judith. Cette femme était une jeune reine juive qui s’appelait Esther.