Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/167

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les montagnes, criant et se meurtrissant avec des pierres et faisant peur à tout le monde.

Jacques. Pourquoi cela, puisqu’il était dehors et qu’on était dans les maisons ?

Grand’mère. D’abord, puisqu’il avait assez de force pour casser de grosses chaînes de fer, il pouvait bien, si l’idée en venait, briser les portes et les fenêtres, entrer dans les maisons et faire beaucoup de mal ; ensuite, il fallait bien sortir le jour pour son travail ou pour ses affaires, et on risquait de le rencontrer, ce qui pouvait être fort dangereux, et c’est le démon qui lui donnait cette force extraordinaire.

Voyant de loin Jésus, il accourut et se prosterna devant lui. Et jetant un grand cri :

« Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu tout-puissant ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas. »

Car Jésus lui disait :

« Esprit immonde, sors de cet homme. »

Et Jésus l’interrogea :

« Quel est ton nom ?

— Mon nom est Légion, parce que nous sommes plusieurs. »

Et il suppliait Jésus de ne pas le chasser de ce pays.

Jacques. Pourquoi cela ?

Grand’mère. Parce que le pays était peuplé par des hommes méchants qui obéissaient aux démons, qui écoutaient toutes les sales idées que leur donnait le démon, de sorte qu’il y était plus honoré que le bon Dieu.

Il y avait là, le long de la montagne, un troupeau de cochons qui paissaient. Et les esprits priaient Notre-Seigneur, et lui