Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/255

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sidérable que vous, ayant été convié aussi, le maître de la maison ne vienne et ne vous dise :

« Donnez-moi cette place » Et qu’alors vous ne descendiez avec confusion à la dernière.

« Mais lorsque vous serez invité, allez vous asseoir à la dernière place, afin que celui qui vous a convié, venant, il vous dise : « Mon ami, montez plus haut. »

« Alors vous serez honoré devant ceux qui seront à table avec vous. Car quiconque s’élève, sera abaissé ; et quiconque s’abaisse, sera élevé. »

Pierre. Grand’mère, vous avez dit que c’est une leçon d’humilité que Notre-Seigneur a donnée ; moi je trouve que c’est une leçon d’orgueil.

Grand’mère. Comment, d’orgueil ? Quel orgueil vois-tu là dedans ?

Pierre. Voilà ! Notre-Seigneur ne lui dit pas de ne pas se mettre à la première place, parce qu’il ne s’en croit pas digne, mais pour ne pas être humilié en étant obligé de changer de place. Et il ne lui dit pas de se mettre à la dernière place par humilité, mais pour être honoré en étant mieux placé par le maître de la maison.

Grand’mère. Ton observation serait juste, cher enfant, si en effet Notre-Seigneur conseillait de faire ce calcul d’orgueil ; mais cette parabole est une comparaison, et toute comparaison est toujours imparfaite ; il faut voir ici la pensée principale du Sauveur, à savoir qu’il ne faut pas chercher les premières places, et que tout homme qui voudra s’élever, sera humilié, toujours devant Dieu et très souvent devant les hommes.