Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/261

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pas une histoire comme les mémoires d’un âne ou comme les deux nigauds, mais une histoire sérieuse, instructive, que je désire vous faire bien connaître. Je suis donc bien aise de vous expliquer ce que je ne vous fais pas bien comprendre du premier coup. Et je réponds à Armand :

Martyriser veut dire faire beaucoup souffrir ; et les Empereurs romains ordonnaient qu’on défendît aux chrétiens de croire à la divinité de Notre-Seigneur, qu’on les obligeât à adorer les idoles, c’est-à-dire le démon ; et qu’on les torturât, c’est-à-dire qu’on leur fît souffrir les tourments les plus affreux pour les faire renoncer à Notre-Seigneur. Ces admirables chrétiens aimaient mieux mourir dans les tourments que renoncer à leur bon Sauveur qui était mort pour eux ; et ils étaient ce qu’on appelle des martyrs de la foi.

Et pour répondre à Louis, j’ajouterai que les pauvres martyrs avaient à endurer les supplications de leurs parents et de leurs amis les plus chers, qui, étant païens, voulaient les faire renoncer à Jésus-Christ pour les sauver des cruels tourments dont on les menaçait ; et c’est ainsi que leurs parents voulaient leur faire commettre le mal, et que les martyrs devaient haïr leurs conseils et y résister ; et maintenant encore, on peut et on doit pratiquer cette règle de l’Évangile, toujours en mettant l’obéissance aux ordres de Dieu au-dessus des affections de famille les plus légitimes et les plus tendres. Il faut aimer Notre-Seigneur par-dessus toute chose.

Notre-Seigneur dit encore :

« Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. »

Jeanne. On ne peut pas porter une croix, ni suivre