Aller au contenu

Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il avait mérités, il lui était adjugé un prix exceptionnel et unique qui était le Dictionnaire des sciences et des arts de Bouillet, et un beau volume de Mathématiques spéciales.

Tout le monde fut content, parce que les premiers prix se trouvaient gagnés par plusieurs enfants, au lieu d’être tous, et tous les ans, adjugés à Gaspard. Et Gaspard fut au comble de la joie des deux beaux et excellents ouvrages qui lui seraient si utiles pour les études qu’il devait faire à l’avenir.

Il y avait, comme toujours, beaucoup de monde ; on applaudit la comédie, on couronna les jeunes savants, on causa ; les parents des seconds prix furent jaloux des premiers ; les parents des accessits furent jaloux des seconds prix ; les derniers accessits jalousèrent les premiers. Le pauvre maître d’école, qui s’était exténué toute l’année à instruire et à corriger les enfants, fut blâmé par les parents et les curieux. On l’accusa de partialité, d’injustice, de méchanceté même ; on alla jusqu’à lui reprocher de battre les élèves.

La mère d’un premier accessit.

N’est-ce pas, Victor, qu’il t’a battu ?

Victor.

Je crois bien, que j’en avais des bleus dans le dos et sur les épaules.

La mère d’un second prix.

Et le pauvre André, faut voir comme il le tapait !