Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/22

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Petit Matthieu veut mettre le bonnet d’âne à Lucas qui se débat ; les autres le maintiennent de force ; il veut arracher le bonnet de dessus sa tête ; on lui saisit les mains.

Petit Matthieu.

M’sieur, il ne veut pas, il nous donne des gifles ; il veut arracher le bonnet.

Le maître d’école.

Attache-lui les mains avec la courroie.

Petit Matthieu.

Donne-moi la courroie, Julien : là, sur le tas de cahiers… Bien, apporte-la ; dépêche-toi, il nous échappe.

Tous les huit se mettent après Lucas ; les uns attachent la courroie, d’autres lui tiennent les jambes, les épaules, les bras.

Petit Matthieu.

C’est fait ; à présent, tu vas rester tranquille.

Lucas est en colère ; il pleure et finit par se résigner ; les autres continuent la leçon et finissent par connaître A, O, I, U, E. La leçon finie, on détache Lucas ; il retourne sur son banc avec les autres ; il boude, mais il ne bouge plus.

On lui donne un livre, et on lui montre la page où il doit étudier A, O, I, U, E. Il commence par ne rien faire ; il ferme le livre, il pousse ses camarades qui le poussent à leur tour.

Le maître d’école lève les yeux, tape avec sa gaule Lucas et les autres qui se bousculent.

« Silence ! » dit-il.