Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/23

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Les enfants se frottent la tête et les épaules ; Lucas veut parler ; ses camarades l’en empêchent et lui disent tout bas :

« Tais-toi ; tu vas nous faire tous punir. »

Lucas s’ennuie, bâille, tousse, se mouche.

« Silence ! » crie le maître d’école en posant sa gaule sur l’épaule de Lucas.

Il l’avait posée fort, sans doute, car Lucas pleure et se frotte l’épaule.

« Silence donc ! » crie le maître d’école d’une voix irritée, en posant la gaule plus lourdement encore sur l’épaule de Lucas.

Pour le coup Lucas est dompté, on ne l’entend plus ; il s’ennuie tellement, qu’il ouvre son livre et cherche à reconnaître les lettres qu’on lui a montrées ; ses camarades l’aident un peu, et il finit par les savoir très bien. Quand le maître d’école fait revenir les petits au premier tableau, Lucas ne se trompe pas une seule fois ; il est triomphant.

Le maître d’école.

Ah ! ah ! il paraît que la gaule t’a ouvert l’esprit, mon garçon. Allons, c’est bien, très bien ! nous recommencerons à la première occasion. La gaule a fait merveille pour bien d’autres encore. Il n’y a que Gaspard qu’elle n’a jamais touché… L’école est finie ; allez tous dîner et jouer jusqu’à deux heures.

Il était midi ; les enfants se précipitent dans la cour ; les uns se dépêchent d’aller dîner chez leurs parents ; d’autres, comme Gaspard et Lucas,