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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/273

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M. Féréor.

Viens alors, mon enfant. Moi aussi, je t’aime : moi qui n’ai jamais aimé personne, je me sens le cœur remué par ta tendresse et par tes soins. Je suis heureux de ton bonheur ; j’aime à t’avoir près de moi ; en un mot, je t’aime.

M. Féréor, en disant ces mots, sentit ses yeux humides. Lui qui n’avait jamais versé une larme, il se sentit ému. Son attendrissement toucha Gaspard ; il vit qu’un autre sentiment que l’ambition et l’intérêt personnel avait gagné son cœur. Sa reconnaissance était devenue une affection réelle et profonde. Cédant à cette émotion, il saisit la main de M. Féréor, et, se jetant dans ses bras, il l’embrassa à plusieurs reprises ; tous deux versèrent des larmes dans les bras l’un de l’autre.

Gaspard.

Mon père, mon cher père, quelle journée vous venez de me faire passer !

M. Féréor.

Et quelle bonne fin d’une bonne journée, mon cher enfant !

Gaspard.

Quelle gloire vous avez acquise en ce jour, mon père !

M. Féréor.

Et c’est à toi que je la dois. Je le reconnais avec orgueil ; jadis j’aurais été jaloux de ta découverte : aujourd’hui je m’en enorgueillis. Je m’applaudis de t’avoir choisi pour fils. Nous voici