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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/323

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sionna fortement. L’assistance était nombreuse. Tous les ouvriers des usines avaient reçu la permission d’assister à l’enterrement du père de leur jeune maître, et aucun n’y avait manqué. La famille et les amis étaient aussi fort nombreux. Gaspard ramena en voiture sa mère et son frère, et passa avec eux une partie de l’après-midi. De retour dans le cabinet de M. Féréor, il lui trouva le visage fatigué.

« Mon père, laissez votre travail, vous êtes fatigué ; permettez-moi de vous ramener chez nous. Nous dînerons, vous vous coucherez, et nous causerons de nos affaires, à moins que vous ne préfériez que je vous fasse la lecture.

M. Féréor.

J’ai encore à faire, mon ami ; il me faut une heure pour finir mes comptes.

Gaspard.

Je vous les finirai, mon père. Vous avez besoin de repos, de sommeil. Laissez-moi vous soigner. Venez, mon père, venez. »

Gaspard entraîna M. Féréor, moitié de gré, moitié de force. M. Féréor, tout en opposant quelque résistance, se laissa entraîner avec une satisfaction visible. Il dîna avec appétit, se coucha avec plaisir et s’endormit avec calme, après avoir vu et entendu Gaspard, qui le croyait endormi, s’approcher de son lit, se mettre à genoux, lui baiser doucement les mains, et dire à voix basse :

« Dors, cher et excellent père. Dors, pendant