Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/370

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Quelques semaines se passèrent encore ainsi ; Mina se rassurait de plus en plus sur son avenir ; Gaspard s’attachait de plus en plus à sa femme ; il commençait à trouver dans cette affection et dans celle qu’il portait à son père le calme qu’il avait cherché ; il avait moins de ces agitations, de ces inquiétudes qui l’attristaient autrefois, et cependant il sentait qu’il manquait encore quelque chose à son cœur pour arriver au but si désiré.

M. Féréor devenait de plus en plus différent de ce qu’il avait été ; sa froideur et sa réserve habituelles faisaient place à l’affection et à l’indulgence. Mina s’apercevait de ces changements et espérait de plus en plus se faire aimer de son mari.

Un jour qu’elle revenait du châtelet où M. Féréor et Gaspard achevaient leur après-midi comme d’habitude, elle réfléchit sur les progrès qu’elle avait faits dans le cœur de Gaspard et de M. Féréor.

« Je crois, dit-elle, que je serai très heureuse. Mon père m’aime déjà, c’est facile à voir ; ma mère aussi, Lucas aussi. Je les aime bien ; ils sont si bons ! Gaspard…, voilà ce qui m’inquiète ; il est très bon pour moi, c’est vrai ! il veut réparer ce qu’il a fait avant que nous soyons mariés. Il me dit des choses très aimables ; il a l’air d’être content de moi ; mais je ne sais pas s’il m’aime comme mon père… Non, il ne m’aime pas ; il n’est pas